Une vie de défis

Art 9 July, 2017
  • Photo Agence QMI, Sébastien St-Jean
    Uriel Arreguin

    Marc-André Lemieux

    Dimanche, 9 juillet 2017 06:00

    MISE à JOUR
    Dimanche, 9 juillet 2017 06:00

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    La formule a beau être éculée, quand Uriel Arreguin affirme qu’il carbure aux défis, on y croit. Il a d’ailleurs quitté son Mexique natal en 2003 pour venir s’établir au Québec. Le tout, sans parler un mot de français. En entrevue au Journal, le danseur et chorégraphe raconte s’être mis en danger à plusieurs reprises depuis son arrivée à Montréal. Son plus récent pari risqué ? Signer les chorégraphies de Cheval-Serpent, cette nouvelle série qui s’intéresse au milieu des danseurs nus.

    Composée de 10 épisodes, la première saison de Cheval-Serpent dépeint le bras de fer entre deux demi-frères : Laurent St-Pierre (Daniel Parent), un maire déterminé à nettoyer sa ville de toute activité jugée « immorale », et David Gauthier (Guillaume Lemay-Thivierge), le copropriétaire d’un club de stripteaseurs.

    Pour donner vie à cet univers imaginé par Danielle Trottier (Unité 9), Uriel Arreguin devait non seulement concevoir une quinzaine de numéros érotiques, mais il devait les montrer à six acteurs qui n’avaient aucune notion en danse… et encore moins en effeuillage. Le principal intéressé a atteint son objectif en exploitant les forces de chacun, que ce soit en arts martiaux ou tout simplement en sport.

    « Faire danser un corps, c’est tout un défi, surtout quand il faut être sexy et sensuel, indique Uriel. J’avais besoin de travailler la confiance en soi de chacun des danseurs. Il fallait qu’ils travaillent les mouvements, mais il fallait surtout qu’ils assument leur rôle. »

    Chasser la gêne

    Comme on peut s’y attendre, les comédiens n’étaient pas nécessairement très à l’aise avec l’idée d’enlever leurs vêtements au début des répétitions. Répéter leur solo devant les autres était également problématique. Uriel a trimé dur pour installer un climat de confiance et chasser le sentiment de gêne ambiante. Et après quelques séances de travail, ses efforts ont été récompensés.

    « Ça s’est transformé en compétition vraiment sympathique. Les gars s’encourageaient. Ils avaient même hâte de voir les solos des autres ! L’atmosphère était vraiment positive. »

    Aller plus loin

    Pour concocter chaque numéro, Uriel Arreguin a travaillé directement avec Danielle Trottier. Bien entendu, le réalisateur Sylvain Archambault ­(Mensonges, Les pays d’en haut) a ­également participé aux échanges.

    « C’était intéressant, parce que ça m’a permis d’aller beaucoup plus loin que d’habitude, révèle Uriel. Ce n’était pas juste faire des pas. Des numéros de striptease, ça peut être vraiment kitsch. Mais parce que Cheval-Serpent était vraiment bien écrite, ce n’était pas ce que je voulais. Je voulais aller plus loin que Magic Mike. »

    Un défi supplémentaire est venu de Fabienne Larouche, la productrice du feuilleton d’ICI Tou.tv Extra. Elle ­voulait des numéros construits autour des pièces Touch Me de Samantha Fox et Lady Marmalade.

    « Pour moi, c’était deux chansons de filles, explique Uriel. Je n’arrivais pas à imaginer comment j’allais pouvoir faire danser des gars là-dessus… Heureusement, on y est arrivé. Pour Touch Me, on a créé tout un concept autour du Petit chaperon rouge. Et ça sort super bien à l’écran. »

    Après le Match

    Cheval-Serpent n’est pas la première incursion d’Uriel Arreguin à la télévision québécoise. Le danseur a vécu son baptême du petit écran quelques mois après son arrivée à Montréal au début des années 2000. Spécialiste des danses latines, sociales et modernes, il s’est rapidement retrouvé au Match des étoiles, cette compétition de danse animée par Normand Brathwaite à Radio-Canada.

    « J’ai appris le français très rapidement, indique l’ancien étudiant en ­ballet classique. Je n’avais pas le choix, parce que quand Normand Brathwaite te demande ton opinion devant un million de personnes, ça te pousse à faire tes devoirs ! »

    Quant aux raisons qui l’ont incité à quitter le Mexique, elles sont d’ordre personnel et professionnel.

    « J’étais super bien au Mexique, confie Uriel. J’avais ma propre compagnie de danse. Je travaillais beaucoup. Mais j’avais atteint un plateau. Je voulais aller ailleurs. J’ai regardé où c’était possible de travailler et j’ai choisi le Québec. Je suis tombé en amour avec Montréal, avec sa créativité, sa beauté, sa diversité culturelle… Ça fait 14 ans que j’habite ici et j’adore ça. »

    Aujourd’hui âgé de 40 ans, Uriel Arreguin continue à travailler comme concepteur et chorégraphe. L’an dernier, il a aussi créé la fondation 5inco, un organisme destiné à promouvoir et diffuser les arts vivants, comme la danse.

    « Il y a beaucoup de talents ici. Il y a beaucoup de gens qui travaillent à l’étranger, mais qui restent inconnus au Québec. J’aimerais les aider à se faire connaître. »

    Parlant de défis, en voilà un qui devrait l’occuper pendant un bon bout de temps.

    ♦ La première saison de Cheval-Serpent est diffusée sur ICI Tou.tv Extra.